Famille Tissir
Qui
ne connaît pas Haj Omar Ness Blassa ? Caractère du pionnier qui part de zéro, Haj Tissir a commencé comme tâcheron dans des
sociétés de construction. Il a travaillé dur jusqu’à bâtir un empire dans le BTP. La CGEM étudie l’idée de lui
consacrer un hommage à titre posthume. En effet, Haj Tissir a brisé le monopole des étrangers sur la construction des gros
œuvres, comme les barrages, routes, ponts… La politique de la marocanisation lui apporte un cadeau en or. Il prend
50 % de la société marocaine Chaufour Dumez, la filiale d’un géant français des BTP. "Haj Tissir a fait gagner à l’État
des milliards en brisant le monopole des étrangers qui se faisaient payer en devises", confie Ahmed Benkirane, membre de la
CGEM. En contrepartie, Haj Tissir avait sous sa coupe des projets d’envergure, comme l’autoroute de Casablanca.
Malheureusement, le printemps Tissir s’est achevé brutalement après la mort du fondateur. D’après un témoin de
cette époque, l’État, les banques et les conflits au sein de la famille ont porté un coup dur à la fortune familiale.
Il n'en reste actuellement que des souvenirs. |
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Famille Aït Menna
Haj
Aït Menna, le grand golfeur, originaire de Demnat, a fait du BTP son royaume. Parti de rien, il aurait même fait, à ses débuts,
le trajet de Denmat à Casablanca à pied, Aït Menna travaillait dans une société de construction et de travaux publics. Sa
baraka tire son origine de son alliance avec Haj Salah Kaboud, originaire de Demnat également, qui lui permet d’approcher
Hassan II. Les deux hommes font route ensemble. Son patrimoine prend forme avec l’achat en 1975 de la société Anciens
établissements Maysonnier, spécialisée dans le négoce du bois. La même année, il prend, aux côtés de Kaboud, une participation
dans la Société générale des routes maghrébines. En 1980, il entre dans le capital de Gouvernec, où siégeait Najem Abaâkil,
aux côtés de Youssefi et Kaboud. La mort du Haj l’année dernière n’a pas arrêté l’essor de la famille. Les
fils continuent à gérer le patrimoine, en plus d’une diversification dans la fabrication d’emballage métallique
(Mag Métal) et l’assainissement dans le bâtiment (Sotracov). | |
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Famille Akhennouch
Ahmed Oulhaj, le père du très médiatique Aziz Akhennouch, a fondé, pendant la période du protectorat,
une fabrique de marbre. Son soutien à la résistance lui a valu la démolition de son fonds de commerce. Il récidive avec l’achat
d'un bateau de pêche. L’affaire ne lui plaisait pas beaucoup l’incitant ainsi à investir dans la distribution
de produits énergétiques. Au moment de l’indépendance, il disposait de deux stations de distribution, l’une
à Agadir et l’autre à Casablanca. Les Akhennouch étaient proches du mouvement national. Le père fondateur est marié
à la sœur de Benabdelali, le trésorier de Ben Barka. Ses appuis, proches des centres de décision, lui ouvrent le marché
de l’OCP qui était sous le monopole des étrangers. L’alliance à la famille Wakrim lui permet de booster son patrimoine,
qui passe de la simple distribution à l’industrie pétrochimique sous l’enseigne Afriquia. Plus tard, quand le
fils prodige revient du Canada, il prend les rênnes du patrimoine familial, le consolide dans le cadre d’un holding
et le diversifie. Actuellement, le groupe compte plus d’une quarantaine d’entreprises avec un chiffre d’affaires
de 5 milliards de dirhams. La diversification comprend un nouveau pôle télécoms, incluant Network, des participations dans
Méditelecom et dans la distribution de GSM. Dernière diversification, le groupe se lance dans la gestion portuaire puisqu’il
est associé à Maersk dans l’offre pour la gestion du quai de containers de Tanger Med. | |
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Famille Abaâkil
La
fortune des Abaâkil est liée à l’histoire de son fondateur. Abdellah Abaâkil, né dans la région de Tafraout, a entamé
sa vie active à Tanger en tant que commerçant. Au moment de l’indépendance, on lui attribue plus de 160 épiceries. Entreprenant,
il s’appuie sur deux familles très en vue dans la région du Nord, les Derhem et les Bouaida, pour fonder une minoterie
à Tanger et, en 1962, une usine de fabrication de piles (Electrochimie Africaine). À l’époque, il était proche de l’UNFP
et compte parmi ses fondateurs. Plus tard, il a pris ses distances par rapport au parti et s’est consacré à ses affaires.
À la fin des années 60, il prospecte dans la région d’Agadir et achète le terrain sur lequel sera bâti, près de cinq
ans plus tard, l’hôtel Anezi. De retour d’Agadir, il décède en 1970 dans un crash d’avion. Ses deux frères
ont, dès lors, entrepris de développer le patrimoine familial, mais chacun de son côté. Najem Abaâkil, détient d’importants
intérêts dans l’industrie agro-alimentaire, le textile et la finance. Son frère Houcein Abaâkil, développe surtout la
promotion immobilière en plus du contrôle d’Electrochimie Africaine. De son côté, le fils de Abdellah, Azeddine Abaâkil,
a monté une affaire dans les matériaux de construction (Société Sadet) à Rabat. | |
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Famille Bensalah
Abdelkader
Bensalah a profité de l’ère d’ouverture de l’après protectorat. Ainsi, en 1962, Hassan II fait fi de l’interdiction
de vendre les terres françaises et obtient une dérogation pour Bensalah. Ce dernier y gagne 700 hectares de terres irriguées.
Dans le mouvement de la marocanisation, il reprend les sociétés Oulmès, Le comptoir Métallurgique et Orbonor, qui étaient
détenues par des Français. Hassan II nomme Moulay Hafid Alaoui en tant qu’administrateur dans ces sociétés. Mais ce
dernier avait, selon des témoins de l’époque, une participation au capital, ce qui lui permettait de jouer le rôle de
protecteur. D’ailleurs, pour chaque participation prise par la SNI dans les sociétés marocanisées, Bensalah était présent.
C’est ainsi qu’au début des années 70, la famille Bensalah s'ouvre la porte des assurances par l’achat de
l’Entente (8 %), d’Al Amane (5 % en 1975) et d’Atlanta en 1977. Des années plus tard, Mohamed Hassan Bensalah,
le fils, renforce sa présence dans l’assurance par l’acquisition de la Sanad. Le passage au holding s’imposait
de plus en plus avec l’ambition de la diversification. Le groupe Holmarcom est actuellement le détenteur de la carte
Pepsi et dispose de participations dans l’aéronautique à travers la Regional Air Lines. Dernièrement, il aurait pris
des participations dans le projet d’aménagement de la baie de Sâidia aux côtés de l’Espagnole Fadesa. | |
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Famille Amhal
Haj
Mohamed Amhal a choisi le secteur de la pétrochimie. Dès l’indépendance, les Amhal se sont lancés dans la distribution
des produits pétroliers. La société Somepi fut construite en 1975 sur ces bases, avec une dominance dans le gaz. Certains
attribuent à Driss Basri, l’ex-ministre de l’Intérieur, une main dans la réussite de la famille Amhal. En tout
cas, les Amhal ont bénéficié du tracé urbanistique pour faire fructifier leur patrimoine foncier. Ce qui constitue une réserve
de taille. Les héritiers de Haj Mohamed, dont le plus connu est Mustapha, ont su prendre leur élan à partir de ce patrimoine.
Mustapha Amhal commence par restructurer le groupe en renforçant le pôle gaz. Une alliance avec la Samir en 2002 lui permet
de mettre un pied dans le raffinage. Mais c’est en 2003 que le groupe changera de physionomie. Mustapha se lance dans
les produits à grande consommation. Il construit une usine à Mohammedia pour la fabrication de détergents. Puis se focalise
sur la boisson gazeuse en lançant la marque Ice Cola. Tout récemment, il attire les Saoudiens Savola pour le lancement d’une
nouvelle marque d’huile de table et de lait. Le groupe a un chiffre d’affaires de plus de 4,5 milliards de dirhams. | |
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Famille Agouzzal
Moulay
Messaoud Agouzzal était distributeur de produits alimentaires, surtout les huiles raffinées. Il développe son commerce pour
s’imposer comme un grossiste à l’aube de l’indépendance. On lui attribue plus de 300 épiceries. Il faut
attendre les années 70 pour voir émerger un groupe spécialisé dans la tannerie. En 1973, il achète plusieurs unités dont la
tannerie Delecluse et la tannerie Jean Carel, ainsi qu’une conserverie de poissons. En 1978, il ajoute à sa collection
la tannerie Klein (devenue tannerie du Maroc). À la même période, il demande un crédit de 90 millions de dirhams à une banque
de la place pour acheter des sucreries, et il l’obtient sans garantie. À la fin des années 70, il était classé 4ème
en terme de puissance financière. Une force qui allait se renforcer davantage par le rachat de Chimicolor. Le groupe Agouzzal
compte actuellement plus de 14 sociétés dont notamment les tanneries de Meknès, Fimétal-Maroc, Chimilabo, les conserves de
Tan Tan, Caplam… Le groupe se caractérise par une intégration en amont et en aval : il maîtrise la chaîne de la matière
première à la fabrication de produits finis. | |
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Et les autres…
Le capitalisme berbère a connu de grandes sagas. Des noms comme Aït M’Zal, Bouftass, Belhassan,
Tazzit… ne peuvent être ignorés. Certains d’entre eux ont atteint des tailles assez critiques comme Belhassan
dans la région du Souss. Les Aït M’zal sont connus pour être une famille de transporteurs, mais aussi des financiers.
La famille a des participations à la Société Générale. Comment des transporteurs ont-ils atterri dans la banque ? "Il y avait
un groupe d’amis du Haj Aït Mzal qui siégeait dans le capital de la Société Générale Marocaine des Banques. Ils l’ont
poussé à l’intégrer surtout qu’à l’époque la participation valait trois fois rien par raport à son patrimoine",
raconte un proche de la famille. Les Bouftass, quant à eux, sont présents dans la distribution de produits chimiques et agricoles
depuis 1972, via Promagri, et dans l’industrie de la chaussure via Au Derby, d’ailleurs le nom de Driss Jettou
est associé à cette enseigne. Actuellement, la famille Bouftass a dans son giron plus d’une quinzaine de sociétés. Les
Bicha, une autre histoire du Souss qui se poursuit jusqu’à nos jours, opèrent dans la pétrochimie à travers la société
Petromin-oils. Mais aussi, dans l’industrie agro-alimentaire par, entre autres, les Conserveries marocaines Doha. Le
patrimoine familial est assez diversifié, puisqu’il va de l’agriculture à l’hôtellerie en passant par le
pétrole. | |
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